Un dossier sur le thème du pardon pour résumer le tout selon moi.
I-Exemple d'une bousculade
Je dirais déjà que pardonner peut avoir plusieurs sens. Certains diront que pardonner, c'est oublier le désagrément ou le préjudice subi. Dans certains cas effectivement, pardonner, c'est passer à autres choses. Ce n'est pas rester focalisé, perturbé ou en colère vis à vis d'un tord causé. C'est aussi donc, dans ces cas là, sinon oublier, du moins passer à autres choses, reprendre sa vie où elle en était sans être pertubé par le désagrément ou le préjudice vécu. Celà dit, ce n'est pas parce qu'on passe à autres choses et que l'on reprend sa vie comme si de rien n'était que l'on pardonne la personne qui nous a causé du tord. Mais on pardonne plus facilement une personne qui nous a causé du tord si on arrive à passer à autre chose. Comme l'exemple cité dans un post antérieur. Si une personne nous bouscule dans la rue, malgré le désagrément, on aura vite oublié et donc en quelque sorte pardonné. On ne restera pas focalisé sur un évènement aussi peu signifiant qui nous aura causé qu'un léger désagrément et qui n'aura pratiquement pas eu de conséquence sur notre vie. Mais ce n'est pas parce qu'on passe à autre chose voir qu'on oublie le tord qui a été causé qu'on ne tient plus rigueur ou pour responsable la personne qui nous causé un désagrément ou un préjudice. Dans le même exemple, si la personne qui nous a bousculé l'a fait de son plein gré voir pour le plaisir. Même si on l'oubliera vite, on en tiendra alors plus rigueur l'individu et donc on lui pardonnera difficilement, malgré les conséquences de cette bousculade qui resteront, pareille, quasi-insignifiante.
Pardonner en effet, c'est aussi ne plus en vouloir à une personne qui a causé du tord. Plus on en veut à la personne qui a fait quelque chose de mal, moins on arrive à lui pardonner. Celà est lié aussi avec le désagrément et le préjudice commis. Toujours dans le même exemple, si une personne nous bouscule et nous fait tomber et qu'on se fait une entorse. Le désagrément sera plus dur à tolérer et on aura plus de difficultés à pardonner cette personne dont le tord commis aura des conséquences plus signifiantes, plus désagréables et à plus long terme. On aura donc plus de mal à oublier, on ne pourra même pas oublier, tant que l'entorse ne sera pas guérie et on en subira, durant tout ce temps, les conséquences. Ce qui rend l'évènement impossible à oublier pendant un certain temps et le désagrément bien plus dur à supporter, donc le pardon bien plus difficile. Mais celà peut dépendre aussi encore une fois de la façon dont on tient la personne responsable et comment on lui en tient rigueur.
En effet, encore dans cette exemple. L'individu qui nous a bousculé, l'a-t-il fait exprès? Si il nous a bousculé exprès, l'a-t-il fait avec intention de nous faire avoir une entorse? S'est-il excusé? N'a-t-il pas lui même été bousculé, ce qui l'a entrainé à nous bousculer? Tous ces facteurs là ne changent pas le préjudice commis mais influent sur la façon dont on peut en vouloir à l'individu, voir sa responsabilité dans l'histoire.
J'en conclus qu'il y a notamment trois facteurs qui influent sur le pardon éventuel envers un abuseur sexuel.
II-Les trois facteurs influants sur le pardon
-La première qui est la plus évidente, c'est suivant si la victime est du genre à pardonner ou pas. Deux victimes ayant été abusées exactement de la même façon, dans les mêmes circonstances et pour les mêmes raisons, ne vont pas forcément pardonner leurs abuseurs toutes les deux, ni de la même façon. Certaines personnes pardonnent plus facilement ou moins difficilement que d'autres.
-La deuxième, c'est l'impact et les conséquences du préjudice commis. Plus les conséquences sont mauvaises plus nous allons avoir de quoi en vouloir au responsable. Nous n'allons pas en vouloir autant à une personne qui nous a bousculé et causé un désagrément à très court terme, qu'à une personne qui nous aura bousculé et fait avoir une entorse. Les conséquences sont plus graves et dureront plus longtemps. Donc c'est moins pardonnable et le désagrément n'en est que plus difficile à supporter.
-Le troisième facteur est la personne qui nous a causé du tord. Suivant si cette personne nous a causé du tord volontairement, avec intention de nuire, avec regrets, par accident etc... Nous allons plus ou moins lui en vouloir suivant donc les raisons qui ont poussé l'individu à nous causer du tord. Si une personne nous bouscule et fait avoir une entorse, nous avons moins de raisons de lui en vouloir si c'était un accident que si il l'a fait exprès. Surtout que si il l'a fait exprès et qu'il n'a pas de regret, celà veut dire qu'il pourrait très bien recommencer. L'estime que nous aurons vis à vis de cet individu baissera alors et moins on aura d'estime pour une personne nous ayant fait du mal, moins nous avons de chances de lui pardonner. Moins on a d'estime pour une personne, plus on la méprise. Et plus on la méprise moins on lui pardonne le mal qu'elle fait.
Mais essayons maintenant de comparer l'exemple de la bousculade avec un abus sexuel.
III-La pardon vis à vis des conséquences d'un abus sexuel
Un type abuse un enfant sexuellement. On peut se poser les mêmes questions sur les circonstances de l'abus comme pour le cas de la bousculade. Comme quand on se posait la question de savoir la façon dont la personne nous a bousculé, jusqu'où l'abuseur est-il allé?
L'abuseur a-t-il fait souffrir volontairement sa victime comme l'individu qui nous a bousculé l'a-t-il fait volontairement?
Quel est l'impact du préjudice sur la victime, donc aussi la victime peut-elle oublier, et comme dans le cas d'une petite bousculade, passer à autre chose et reprendre sa vie comme si de rien n'était?
La réponse à tous ça influe fortement de la même façon pour un abus sexuel, sur la possibilité de pardonner ou pas.
Premièrement, plus l'abuseur est allé loin dans sa façon d'abuser sa victime, plus l'impact sera fort et plus le préjudice aura des conséquences et donc moins la victime arrivera à oublier ce qui est arrivé.
Pour en savoir plus sur les conséquences des abus sexuels, vous pouvez lire le topic suivant :
https://adep.1fr1.net/t61-m3-les-victimes-les-consequences-des-abus-sexuels
Même si certaines victimes oublient l'abus sexuel, si l'impact est fort, l'expérience abusive ressurgit d'une certaine façon quand même. Même si la victime se souvient et essaye de passer à autre chose, elle ne se débarassera pas des conséquences du traumatisme simplement par envie de passer à autre chose.
Comme pour le cas de la bousculade, si on nous blesse durant cette bousculade, nous aurons beau nous dire qu'on veut passer à autre chose, si l'entorse au pied nous fait souffrir, nous empêche de marcher, celà nous empêche de reprendre notre vie comme elle était avant. Nous ne pourrons pas passer à autre chose, nous serons plutôt obligés de nous adapter à cette nouvelle situation et nouvelle condition de vie jusqu'à ce que la blessure guérisse. Un abus sexuel, c'est un peu pareil. Même si on veut reprendre notre vie comme elle était avant, le traumatisme psychologique compliquera le quotidien de la victime qui aura mal au niveau psychologique et l'empêchera de revivre normalement car celà perturbera ses relations sociales et sa vision des choses. Elle ne pourra alors pas reprendre sa vie comme elle l'était, elle sera plutôt obligée de s'adapter à son nouvel état psychologique, jusqu'à ce que le traumatisme guérisse (éventuellement).
Celà rend le pardon donc plus difficile en raison du mauvais souvenir et des conséquences de l'abus sexuel que la victime subit, qui l'obligent à s'y replonger, perturbant sa vie à long terme. Tandis que certains abus légers peuvent parfois être sans conséquences, bien qu'il soit difficile d'anticiper les réactions d'une victime, car celà dépend de nombreux facteurs. Comme la bousculade, si on nous bouscule, il est difficile d'anticiper les conséquences, on peut s'en tirer indemme tout comme on peut heurter un objet qui nous blessera ou autre. Mais si la victime parvient à oublier l'abus et que celà n'a pas eu de conséquences sur sa vie, elle peut donc oublier, reprendre sa vie où elle en était et en quelque sorte pardonner plus facilement.
IV-Le pardon vis à vis des raisons et façons d'agir de l'abuseur
Celà dit après, la victime peut, malgré l'absence de traumatisme, en vouloir à son abuseur pour le tord causé. Mais comme l'exemple de la bousculade, celà dependra d'une part de la rancune de la victime. Certaines sont plus rancunières que d'autres et pardonnent moins facilement. Mais celà dépend aussi du point de vue que la victime aura sur l'abus sexuel vécu. Comme le cas de la bousculade. L'abuseur a-t-il fait exprès de faire du tord à sa victime? La plupart considéreront que oui, mais certains abuseurs sont de bonne foi et considèrent ne pas faire de mal tant qu'ils obtiennent le consentement des enfants notamment. Tandis que d'autres abuseurs non seulement font sciemment du mal aux enfants mais en plus en sont contents, tout comme celui qui bouscule les gens pour le plaisir de dominer et provoquer. L'abuseur en est alors moins pardonnable.
Sinon, une personne qui bouscule, peut nager en plein délire, tout comme un abuseur psychotique qui n'est plus connecté à la réalité. Où comme une personne qui bouscule une autre personne parce qu'elle a elle même été bousculée, certains abuseurs abusent d'enfants en reproduisant les abus sexuels qu'ils ont eux même subis. Si le préjudice commis peut rester fort et difficilement pardonnable en raison notamment des conséquences que celà aura sur les victimes, ces facteurs remettent en cause la responsabilité de l'individu, l'abuseur et celui qui bouscule.
On peut plus pardonner une personne non responsable ou qui n'a pas fait exprès de faire du mal ou qui est elle même victime. Tandis qu'une personne pleinement responsable de ses actes, qui a agi volontairement et n'a pas agi par normalisation de ses influences sera plus dure à pardonner.
Une personne psychotique n'est pas vraiment responsable de son comportement, car elle même, n'a plus toute sa tête, malgré le mal qu'elle aura pu faire, il y aura donc moins de quoi lui en vouloir. Un abuseur qui reproduit les abus sexuels qu'il a vécu parce qu'il normalise ses abus, est moins responsable de ses actes qu'une non victime, car cet abuseur là n'aura fait, en quelque sorte, que ce qu'on lui a appris à faire ce qui aura déclenché une réaction en chaîne un peu comme celle qui fait qu'un type bouscule une autre personne après avoir été, elle même, bousculée. Comme dit plus haut, à défaut d'être une excuse, celà remet en cause sa responsabilité et donc rend le cas plus pardonnable, surtout si on peut modifier structurellement l'abuseur ou le soigner. Soigner sa psychose pourrait l'empêcher de recommencer à abuser d'enfants. Modifier sa structuration afin de faire disparaitre son comportement abusif, qui est le résultat de mauvaises influences et mauvaises éducation, peut aussi empêcher que l'abuseur recommence.
Ensuite il y a la réaction de celui qui est en faute. S'excuse-t-il?
Rien que le fait de s'excuser peut rendre la victime plus encline à pardonner. En effet, si l'abuseur s'excuse, celà veut dire, d'une part, qu'il reconnait sa responsabilité. Ce qui peut déjà déculpabiliser certaines victimes qui du coup en souffrent moins et donc peuvent pardonner moins difficilement.
S'excuser sous-entend aussi que l'individu en tord, regrette le désagrément ou le préjudice causé. Ce qui veut dire à priori qu'il fera en sorte de ne pas recommencer, peut-être même qu'il en a tiré une leçon. Celà peut aussi soulager la victime qui se dit qu'au moins le mal qu'elle a subi n'aura pas été inutile car celà aura permis à une personne qui s'est mal comporté de se remettre en question et qui s'empêchera de refaire du mal aux autres. Voir peut-être même que la personne en faute, en tirera une leçon et donnera l'exemple à ceux qui ne se remettent pas en question. Tout celà donnera plus ou moins un sens à la souffrance de la victime et donner un sens à un mal que l'on vit en essayant d'être optimiste, celà soulage souvent la douleur. Il est en effet particulièrement perturbant quand un drame nous arrive de ne pas comprendre ce drame et de ne pas trouver une justification, en se disant par exemple "pourquoi moi... Je n'ai pas mérité celà... la vie est injuste..." Souvent les gens pensant ainsi, sombrent dans la dépression et dans un cercle vicieux qui fait qu'ils dépriment plus à force de se poser des questions dont ils ne trouvent pas les réponses et moins ils trouvent les réponses, plus ils dépriment. Mais trouver des réponses ou des raisons ou un aspect plus optimiste, diminue donc la dépression, donc la souffrance et permet donc éventuellement parfois de pardonner.
Un autre facteur à prendre en compte vis à vis de la personne en tord, était-ce un accident?
Une personne qui nous bouscule, était-ce un accident? Si oui, il est plus pardonnable et moins responsable du désagrément subi. Même si la bousculade nous a fait tomber et avoir une entorse. On ne lui en tiendra généralement pas autant rigueur si c'est un accident. Nous aurions plus de quoi lui en vouloir si il nous a bousculé volontairement, mais sans vouloir nous blesser. Nous lui en voudrons encore plus si il nous a bousculé volontairement avec l'intention de nous blesser. C'est pareil pour un abus sexuel.
Les mêmes questions se posent alors vis à vis d'un abuseur. A-t-il abusé d'un enfant par accident? L'a-t-il fait sciemment mais pour vouloir se satisfaire sexuellement? L'a-t-il fait dans le but de lui faire sciemment du mal?
Dans le premier cas, même si on n'en entend pas beaucoup parler, le cas est plus pardonnable. Un abuseur peut abuser d'un autre enfant, quand il se découvre une pédophilie tardive et avec un taux d'hormones trop élevé. Ou un dérèglement hormonal, ou un pédophile compulsif qui n'a pas pu retenir ses pulsions. Si l'abuseur s'est alors retenu d'abuser des enfants mais à quand même cédé, il se peut déjà qu'il ait des regrets, voir qu'il se fasse aider pour ne pas recommencer même si ça aurait été mieux de se faire aider pour ne pas passer à l'acte une première fois. Il s'agit donc de cas plus pardonnable qu'un abuseur qui a abusé de plusieurs enfants, sans tenir compte du mal qu'il faisait. Un abuseur compulsif est aussi en quelque sorte victime de ses pulsions, ce qui diminue sa responsabilité vis à vis des abus qu'il a commis. Bien qu'il reste tout de même partiellement responsable car il aurait pu se faire aider plus tôt, bien qu'il arrive malheureusement que les pédophiles compulsifs ne trouvent pas l'aide qu'ils réclament (voir le documentaire du sujet : https://adep.1fr1.net/t58-j5-les-temoignages-des-pedophiles-dans-le-documentaire-de-la-pulsion-a-l-interdit ).
Après il y a les cas d'abuseurs qui abusent donc d'enfants, souvent plusieurs, et se disant qu'ils ne font rien de mal et que les enfants sont consentants.
Il y a aussi ceux qui abusent d'enfants, pas dans le but de faire du mal aux enfants, mais qui savent qu'ils leur font du mal, sans en tenir compte, car leur but est de se soulager sexuellement et égocentriquement.
Et enfin, il y a ceux qui non seulement sont conscients du mal qu'ils font, mais en plus, prennent du plaisir à faire souffrir.
Ces différents cas sont pardonnables à différentes échelles. Car comme dit plus haut, le pardon dépend aussi de l'estime que la victime aura sur son abuseur.
-Si l'abuseur a tenté de se retenir de faire du mal, c'est qu'il n'est pas forcément une mauvaise personne, voir que c'est une victime lui aussi des pulsions pédophiles qu'il a et qu'il n'a pas choisi d'avoir. L'estime de la victime envers son abuseur peut alors remonté. Notamment si il regrette et se fait aider pour ne pas recommencer (comme l'un des cas du documentaire précité).
-Si son abuseur ne se rendait pas compte du mal qu'il faisait, son estime envers lui pour remonter un peu aussi, bien que souvent ces abuseurs s'autopersuadent plus de ne pas faire de mal qu'ils ne pensent réellement ne pas faire de mal.
-Si l'abuseur n'a pas tenu compte du mal qu'il faisait pour satisfaire ses besoins sexuels, l'estime de la victime va baisser, notamment parce qu'il s'agit d'un abuseur particulièrement égocentrique et qui du coup, n'aura pas trop de scrupules à abuser plusieurs enfants et plusieurs fois.
-Si l'abuseur se délecte carrément par domination voir sadisme de faire souffrir ses victimes, l'estime de la victime va encore plus chuter. Car non seulement l'abuseur est égocentrique mais en plus il aime faire du mal, donc il fait encore plus de mal qu'un simple abuseur et il ne se gênera pas pour recommencer lui non plus.
Après c'est le droit le plus strict de la victime de pardonner son abuseur ou pas. Certaines sont plus aptes à pardonner que d'autres. Personne ne peut pardonner à la place de la victime et forcer une victime à pardonner son abuseur. Et celà dépend donc aussi des circonstances puis des conséquences de l'abus sexuels ainsi que de l'estime que la victime aura sur son abuseur.
Un détail qui a son importance aussi, c'est que parfois, la victime ne se rend pas compte que certains de ses problèmes psychologiques sont dûs aux abus sexuels qu'elle a subis. Elle ne fait pas le lien entre les deux et du coup peut moins en vouloir à son abuseur car elle ne le tient dans ce cas pas responsable des conséquences de l'abus sexuels dont elle n'a pas conscience ou qu'elle attribue à d'autres choses ou dont elle ne comprend pas les origines. Du coup, cette victime peut ne pas forcément avoir une mauvaise estime vis à vis de son abuseur et du coup lui pardonner ses abus, ou considérer même qu'elle n'a rien à lui pardonner.
Il en va de même pour les victimes qui normalisent les abus sexuels vécus. Si elles considèrent qu'avoir été abusées était normal, elles en voudront moins à leurs abuseurs et n'auront pas forcément une mauvaise estime d'eux. Ce qui peut les conduire à pardonner plus facilement ou comme dans le cas précédent les amener à considérer qu'il n'y a rien à pardonner, puisque pour elles, avoir été abusées étaient normal, d'où parfois après, la victime qui reproduit les abus sur d'autres enfants.
V-Un cas concret
Si on prend maintenant un cas concret, comme le père incestueux évoqué par Sedna dans les posts précédents.
On ne peut pas d'une part dire si les victimes de cet abuseur sont enclines à pardonner ou pas.
Mais on peut évaluer les circonstances. Le père incestueux s'est montré dominant et égocentrique au point d'abuser ses enfants plusieurs fois pendant une longue période, sans tenir compte du mal qu'il faisait. Il ne les a visiblement pas pénétré, c'est sans doute le seul point que peut le rendre pardonnable, mais avec tout le reste, le pardon est très difficile.
Les victimes en souffrent encore beaucoup et sont encore très perturbées. Les conséquences de ces abus sexuels sont donc très importantes et rendent le pardon particulièrement difficile tant elles ont un impact signifiant et fortement influant sur la vie des victimes, qui ne peuvent pas vivre en tournant la page comme si rien ne leur était arrivé et en faisant abstraction de leur souffrance qui ressurgit fréquemment. La souffrance et les impacts des abus sont donc très importants et ont de très grandes chances, d'empêcher ces victimes de pardonner leur abuseur.
Le pardon, pourrait à la rigueur être faisable suivant les raisons de l'abuseur d'avoir fait du mal et donc de l'estime de ses victimes envers lui.
Mais le père incestueux n'a eu de scrupules que vis à vis du fait qu'il n'ait pas violé ses enfants. Mais visiblement il s'est plus contenté d'attouchements parce qu'il ne ressentait pas le besoin d'aller plus loin. Mais il ne s'est pas fait aider pour mieux se retenir (en supposant qu'il ait été compulsif). Il a abusé de ses enfants plusieurs fois pendant plusieurs années, sous-entendant qu'il n'a jamais eu de regrets ou de remords pour le mal qu'il a fait. Il a toujours imposé ses envies sans tenir compte du mal qu'il faisait, ce qui fait de lui une personne dominante. Il nie sa responsabilité en faisant semblant de ne pas se souvenir. Rien ne dit dans les dires de ses victimes qu'il était psychotique. Donc en bref, ses victimes auront de fortes chances d'avoir une très mauvaise estime de leur abuseur qui n'a pas de regret, ni de remord, qui était dominant et égocentrique, qui a abusé de ses enfants à de nombreuses reprises pendant plusieurs années.
On peut dire que la capacité de la victime à pardonner forme une balance avec les conséquences des abus sexuels et l'estime qu'elle aura de son abuseur.
-Plus sa capacité à pardonner sera forte plus celà pèsera lourd d'un côté et plus la victime pardonnera.
-Plus les conséquences du préjudice seront importantes, combinées avec la mauvaise estime que la victime aura de la personne en tord, plus ça pèsera lourd d'un autre côté et moins la victime pardonnera.
Dans le cas évoqué par Sedna. Les conséquences sont très lourdes et la mauvaise estime envers l'abuseur est très forte aussi. Donc à moins que la victime ne soit vraiment d'un genre extrême à pardonner. Il y a de très fortes chances que la capacité à pardon pèse beaucoup moins lourd que les conséquences et la mauvaise estime, rendant le cas très difficile à pardonner.
I-Exemple d'une bousculade
Je dirais déjà que pardonner peut avoir plusieurs sens. Certains diront que pardonner, c'est oublier le désagrément ou le préjudice subi. Dans certains cas effectivement, pardonner, c'est passer à autres choses. Ce n'est pas rester focalisé, perturbé ou en colère vis à vis d'un tord causé. C'est aussi donc, dans ces cas là, sinon oublier, du moins passer à autres choses, reprendre sa vie où elle en était sans être pertubé par le désagrément ou le préjudice vécu. Celà dit, ce n'est pas parce qu'on passe à autres choses et que l'on reprend sa vie comme si de rien n'était que l'on pardonne la personne qui nous a causé du tord. Mais on pardonne plus facilement une personne qui nous a causé du tord si on arrive à passer à autre chose. Comme l'exemple cité dans un post antérieur. Si une personne nous bouscule dans la rue, malgré le désagrément, on aura vite oublié et donc en quelque sorte pardonné. On ne restera pas focalisé sur un évènement aussi peu signifiant qui nous aura causé qu'un léger désagrément et qui n'aura pratiquement pas eu de conséquence sur notre vie. Mais ce n'est pas parce qu'on passe à autre chose voir qu'on oublie le tord qui a été causé qu'on ne tient plus rigueur ou pour responsable la personne qui nous causé un désagrément ou un préjudice. Dans le même exemple, si la personne qui nous a bousculé l'a fait de son plein gré voir pour le plaisir. Même si on l'oubliera vite, on en tiendra alors plus rigueur l'individu et donc on lui pardonnera difficilement, malgré les conséquences de cette bousculade qui resteront, pareille, quasi-insignifiante.
Pardonner en effet, c'est aussi ne plus en vouloir à une personne qui a causé du tord. Plus on en veut à la personne qui a fait quelque chose de mal, moins on arrive à lui pardonner. Celà est lié aussi avec le désagrément et le préjudice commis. Toujours dans le même exemple, si une personne nous bouscule et nous fait tomber et qu'on se fait une entorse. Le désagrément sera plus dur à tolérer et on aura plus de difficultés à pardonner cette personne dont le tord commis aura des conséquences plus signifiantes, plus désagréables et à plus long terme. On aura donc plus de mal à oublier, on ne pourra même pas oublier, tant que l'entorse ne sera pas guérie et on en subira, durant tout ce temps, les conséquences. Ce qui rend l'évènement impossible à oublier pendant un certain temps et le désagrément bien plus dur à supporter, donc le pardon bien plus difficile. Mais celà peut dépendre aussi encore une fois de la façon dont on tient la personne responsable et comment on lui en tient rigueur.
En effet, encore dans cette exemple. L'individu qui nous a bousculé, l'a-t-il fait exprès? Si il nous a bousculé exprès, l'a-t-il fait avec intention de nous faire avoir une entorse? S'est-il excusé? N'a-t-il pas lui même été bousculé, ce qui l'a entrainé à nous bousculer? Tous ces facteurs là ne changent pas le préjudice commis mais influent sur la façon dont on peut en vouloir à l'individu, voir sa responsabilité dans l'histoire.
J'en conclus qu'il y a notamment trois facteurs qui influent sur le pardon éventuel envers un abuseur sexuel.
II-Les trois facteurs influants sur le pardon
-La première qui est la plus évidente, c'est suivant si la victime est du genre à pardonner ou pas. Deux victimes ayant été abusées exactement de la même façon, dans les mêmes circonstances et pour les mêmes raisons, ne vont pas forcément pardonner leurs abuseurs toutes les deux, ni de la même façon. Certaines personnes pardonnent plus facilement ou moins difficilement que d'autres.
-La deuxième, c'est l'impact et les conséquences du préjudice commis. Plus les conséquences sont mauvaises plus nous allons avoir de quoi en vouloir au responsable. Nous n'allons pas en vouloir autant à une personne qui nous a bousculé et causé un désagrément à très court terme, qu'à une personne qui nous aura bousculé et fait avoir une entorse. Les conséquences sont plus graves et dureront plus longtemps. Donc c'est moins pardonnable et le désagrément n'en est que plus difficile à supporter.
-Le troisième facteur est la personne qui nous a causé du tord. Suivant si cette personne nous a causé du tord volontairement, avec intention de nuire, avec regrets, par accident etc... Nous allons plus ou moins lui en vouloir suivant donc les raisons qui ont poussé l'individu à nous causer du tord. Si une personne nous bouscule et fait avoir une entorse, nous avons moins de raisons de lui en vouloir si c'était un accident que si il l'a fait exprès. Surtout que si il l'a fait exprès et qu'il n'a pas de regret, celà veut dire qu'il pourrait très bien recommencer. L'estime que nous aurons vis à vis de cet individu baissera alors et moins on aura d'estime pour une personne nous ayant fait du mal, moins nous avons de chances de lui pardonner. Moins on a d'estime pour une personne, plus on la méprise. Et plus on la méprise moins on lui pardonne le mal qu'elle fait.
Mais essayons maintenant de comparer l'exemple de la bousculade avec un abus sexuel.
III-La pardon vis à vis des conséquences d'un abus sexuel
Un type abuse un enfant sexuellement. On peut se poser les mêmes questions sur les circonstances de l'abus comme pour le cas de la bousculade. Comme quand on se posait la question de savoir la façon dont la personne nous a bousculé, jusqu'où l'abuseur est-il allé?
L'abuseur a-t-il fait souffrir volontairement sa victime comme l'individu qui nous a bousculé l'a-t-il fait volontairement?
Quel est l'impact du préjudice sur la victime, donc aussi la victime peut-elle oublier, et comme dans le cas d'une petite bousculade, passer à autre chose et reprendre sa vie comme si de rien n'était?
La réponse à tous ça influe fortement de la même façon pour un abus sexuel, sur la possibilité de pardonner ou pas.
Premièrement, plus l'abuseur est allé loin dans sa façon d'abuser sa victime, plus l'impact sera fort et plus le préjudice aura des conséquences et donc moins la victime arrivera à oublier ce qui est arrivé.
Pour en savoir plus sur les conséquences des abus sexuels, vous pouvez lire le topic suivant :
https://adep.1fr1.net/t61-m3-les-victimes-les-consequences-des-abus-sexuels
Même si certaines victimes oublient l'abus sexuel, si l'impact est fort, l'expérience abusive ressurgit d'une certaine façon quand même. Même si la victime se souvient et essaye de passer à autre chose, elle ne se débarassera pas des conséquences du traumatisme simplement par envie de passer à autre chose.
Comme pour le cas de la bousculade, si on nous blesse durant cette bousculade, nous aurons beau nous dire qu'on veut passer à autre chose, si l'entorse au pied nous fait souffrir, nous empêche de marcher, celà nous empêche de reprendre notre vie comme elle était avant. Nous ne pourrons pas passer à autre chose, nous serons plutôt obligés de nous adapter à cette nouvelle situation et nouvelle condition de vie jusqu'à ce que la blessure guérisse. Un abus sexuel, c'est un peu pareil. Même si on veut reprendre notre vie comme elle était avant, le traumatisme psychologique compliquera le quotidien de la victime qui aura mal au niveau psychologique et l'empêchera de revivre normalement car celà perturbera ses relations sociales et sa vision des choses. Elle ne pourra alors pas reprendre sa vie comme elle l'était, elle sera plutôt obligée de s'adapter à son nouvel état psychologique, jusqu'à ce que le traumatisme guérisse (éventuellement).
Celà rend le pardon donc plus difficile en raison du mauvais souvenir et des conséquences de l'abus sexuel que la victime subit, qui l'obligent à s'y replonger, perturbant sa vie à long terme. Tandis que certains abus légers peuvent parfois être sans conséquences, bien qu'il soit difficile d'anticiper les réactions d'une victime, car celà dépend de nombreux facteurs. Comme la bousculade, si on nous bouscule, il est difficile d'anticiper les conséquences, on peut s'en tirer indemme tout comme on peut heurter un objet qui nous blessera ou autre. Mais si la victime parvient à oublier l'abus et que celà n'a pas eu de conséquences sur sa vie, elle peut donc oublier, reprendre sa vie où elle en était et en quelque sorte pardonner plus facilement.
IV-Le pardon vis à vis des raisons et façons d'agir de l'abuseur
Celà dit après, la victime peut, malgré l'absence de traumatisme, en vouloir à son abuseur pour le tord causé. Mais comme l'exemple de la bousculade, celà dependra d'une part de la rancune de la victime. Certaines sont plus rancunières que d'autres et pardonnent moins facilement. Mais celà dépend aussi du point de vue que la victime aura sur l'abus sexuel vécu. Comme le cas de la bousculade. L'abuseur a-t-il fait exprès de faire du tord à sa victime? La plupart considéreront que oui, mais certains abuseurs sont de bonne foi et considèrent ne pas faire de mal tant qu'ils obtiennent le consentement des enfants notamment. Tandis que d'autres abuseurs non seulement font sciemment du mal aux enfants mais en plus en sont contents, tout comme celui qui bouscule les gens pour le plaisir de dominer et provoquer. L'abuseur en est alors moins pardonnable.
Sinon, une personne qui bouscule, peut nager en plein délire, tout comme un abuseur psychotique qui n'est plus connecté à la réalité. Où comme une personne qui bouscule une autre personne parce qu'elle a elle même été bousculée, certains abuseurs abusent d'enfants en reproduisant les abus sexuels qu'ils ont eux même subis. Si le préjudice commis peut rester fort et difficilement pardonnable en raison notamment des conséquences que celà aura sur les victimes, ces facteurs remettent en cause la responsabilité de l'individu, l'abuseur et celui qui bouscule.
On peut plus pardonner une personne non responsable ou qui n'a pas fait exprès de faire du mal ou qui est elle même victime. Tandis qu'une personne pleinement responsable de ses actes, qui a agi volontairement et n'a pas agi par normalisation de ses influences sera plus dure à pardonner.
Une personne psychotique n'est pas vraiment responsable de son comportement, car elle même, n'a plus toute sa tête, malgré le mal qu'elle aura pu faire, il y aura donc moins de quoi lui en vouloir. Un abuseur qui reproduit les abus sexuels qu'il a vécu parce qu'il normalise ses abus, est moins responsable de ses actes qu'une non victime, car cet abuseur là n'aura fait, en quelque sorte, que ce qu'on lui a appris à faire ce qui aura déclenché une réaction en chaîne un peu comme celle qui fait qu'un type bouscule une autre personne après avoir été, elle même, bousculée. Comme dit plus haut, à défaut d'être une excuse, celà remet en cause sa responsabilité et donc rend le cas plus pardonnable, surtout si on peut modifier structurellement l'abuseur ou le soigner. Soigner sa psychose pourrait l'empêcher de recommencer à abuser d'enfants. Modifier sa structuration afin de faire disparaitre son comportement abusif, qui est le résultat de mauvaises influences et mauvaises éducation, peut aussi empêcher que l'abuseur recommence.
Ensuite il y a la réaction de celui qui est en faute. S'excuse-t-il?
Rien que le fait de s'excuser peut rendre la victime plus encline à pardonner. En effet, si l'abuseur s'excuse, celà veut dire, d'une part, qu'il reconnait sa responsabilité. Ce qui peut déjà déculpabiliser certaines victimes qui du coup en souffrent moins et donc peuvent pardonner moins difficilement.
S'excuser sous-entend aussi que l'individu en tord, regrette le désagrément ou le préjudice causé. Ce qui veut dire à priori qu'il fera en sorte de ne pas recommencer, peut-être même qu'il en a tiré une leçon. Celà peut aussi soulager la victime qui se dit qu'au moins le mal qu'elle a subi n'aura pas été inutile car celà aura permis à une personne qui s'est mal comporté de se remettre en question et qui s'empêchera de refaire du mal aux autres. Voir peut-être même que la personne en faute, en tirera une leçon et donnera l'exemple à ceux qui ne se remettent pas en question. Tout celà donnera plus ou moins un sens à la souffrance de la victime et donner un sens à un mal que l'on vit en essayant d'être optimiste, celà soulage souvent la douleur. Il est en effet particulièrement perturbant quand un drame nous arrive de ne pas comprendre ce drame et de ne pas trouver une justification, en se disant par exemple "pourquoi moi... Je n'ai pas mérité celà... la vie est injuste..." Souvent les gens pensant ainsi, sombrent dans la dépression et dans un cercle vicieux qui fait qu'ils dépriment plus à force de se poser des questions dont ils ne trouvent pas les réponses et moins ils trouvent les réponses, plus ils dépriment. Mais trouver des réponses ou des raisons ou un aspect plus optimiste, diminue donc la dépression, donc la souffrance et permet donc éventuellement parfois de pardonner.
Un autre facteur à prendre en compte vis à vis de la personne en tord, était-ce un accident?
Une personne qui nous bouscule, était-ce un accident? Si oui, il est plus pardonnable et moins responsable du désagrément subi. Même si la bousculade nous a fait tomber et avoir une entorse. On ne lui en tiendra généralement pas autant rigueur si c'est un accident. Nous aurions plus de quoi lui en vouloir si il nous a bousculé volontairement, mais sans vouloir nous blesser. Nous lui en voudrons encore plus si il nous a bousculé volontairement avec l'intention de nous blesser. C'est pareil pour un abus sexuel.
Les mêmes questions se posent alors vis à vis d'un abuseur. A-t-il abusé d'un enfant par accident? L'a-t-il fait sciemment mais pour vouloir se satisfaire sexuellement? L'a-t-il fait dans le but de lui faire sciemment du mal?
Dans le premier cas, même si on n'en entend pas beaucoup parler, le cas est plus pardonnable. Un abuseur peut abuser d'un autre enfant, quand il se découvre une pédophilie tardive et avec un taux d'hormones trop élevé. Ou un dérèglement hormonal, ou un pédophile compulsif qui n'a pas pu retenir ses pulsions. Si l'abuseur s'est alors retenu d'abuser des enfants mais à quand même cédé, il se peut déjà qu'il ait des regrets, voir qu'il se fasse aider pour ne pas recommencer même si ça aurait été mieux de se faire aider pour ne pas passer à l'acte une première fois. Il s'agit donc de cas plus pardonnable qu'un abuseur qui a abusé de plusieurs enfants, sans tenir compte du mal qu'il faisait. Un abuseur compulsif est aussi en quelque sorte victime de ses pulsions, ce qui diminue sa responsabilité vis à vis des abus qu'il a commis. Bien qu'il reste tout de même partiellement responsable car il aurait pu se faire aider plus tôt, bien qu'il arrive malheureusement que les pédophiles compulsifs ne trouvent pas l'aide qu'ils réclament (voir le documentaire du sujet : https://adep.1fr1.net/t58-j5-les-temoignages-des-pedophiles-dans-le-documentaire-de-la-pulsion-a-l-interdit ).
Après il y a les cas d'abuseurs qui abusent donc d'enfants, souvent plusieurs, et se disant qu'ils ne font rien de mal et que les enfants sont consentants.
Il y a aussi ceux qui abusent d'enfants, pas dans le but de faire du mal aux enfants, mais qui savent qu'ils leur font du mal, sans en tenir compte, car leur but est de se soulager sexuellement et égocentriquement.
Et enfin, il y a ceux qui non seulement sont conscients du mal qu'ils font, mais en plus, prennent du plaisir à faire souffrir.
Ces différents cas sont pardonnables à différentes échelles. Car comme dit plus haut, le pardon dépend aussi de l'estime que la victime aura sur son abuseur.
-Si l'abuseur a tenté de se retenir de faire du mal, c'est qu'il n'est pas forcément une mauvaise personne, voir que c'est une victime lui aussi des pulsions pédophiles qu'il a et qu'il n'a pas choisi d'avoir. L'estime de la victime envers son abuseur peut alors remonté. Notamment si il regrette et se fait aider pour ne pas recommencer (comme l'un des cas du documentaire précité).
-Si son abuseur ne se rendait pas compte du mal qu'il faisait, son estime envers lui pour remonter un peu aussi, bien que souvent ces abuseurs s'autopersuadent plus de ne pas faire de mal qu'ils ne pensent réellement ne pas faire de mal.
-Si l'abuseur n'a pas tenu compte du mal qu'il faisait pour satisfaire ses besoins sexuels, l'estime de la victime va baisser, notamment parce qu'il s'agit d'un abuseur particulièrement égocentrique et qui du coup, n'aura pas trop de scrupules à abuser plusieurs enfants et plusieurs fois.
-Si l'abuseur se délecte carrément par domination voir sadisme de faire souffrir ses victimes, l'estime de la victime va encore plus chuter. Car non seulement l'abuseur est égocentrique mais en plus il aime faire du mal, donc il fait encore plus de mal qu'un simple abuseur et il ne se gênera pas pour recommencer lui non plus.
Après c'est le droit le plus strict de la victime de pardonner son abuseur ou pas. Certaines sont plus aptes à pardonner que d'autres. Personne ne peut pardonner à la place de la victime et forcer une victime à pardonner son abuseur. Et celà dépend donc aussi des circonstances puis des conséquences de l'abus sexuels ainsi que de l'estime que la victime aura sur son abuseur.
Un détail qui a son importance aussi, c'est que parfois, la victime ne se rend pas compte que certains de ses problèmes psychologiques sont dûs aux abus sexuels qu'elle a subis. Elle ne fait pas le lien entre les deux et du coup peut moins en vouloir à son abuseur car elle ne le tient dans ce cas pas responsable des conséquences de l'abus sexuels dont elle n'a pas conscience ou qu'elle attribue à d'autres choses ou dont elle ne comprend pas les origines. Du coup, cette victime peut ne pas forcément avoir une mauvaise estime vis à vis de son abuseur et du coup lui pardonner ses abus, ou considérer même qu'elle n'a rien à lui pardonner.
Il en va de même pour les victimes qui normalisent les abus sexuels vécus. Si elles considèrent qu'avoir été abusées était normal, elles en voudront moins à leurs abuseurs et n'auront pas forcément une mauvaise estime d'eux. Ce qui peut les conduire à pardonner plus facilement ou comme dans le cas précédent les amener à considérer qu'il n'y a rien à pardonner, puisque pour elles, avoir été abusées étaient normal, d'où parfois après, la victime qui reproduit les abus sur d'autres enfants.
V-Un cas concret
Si on prend maintenant un cas concret, comme le père incestueux évoqué par Sedna dans les posts précédents.
On ne peut pas d'une part dire si les victimes de cet abuseur sont enclines à pardonner ou pas.
Mais on peut évaluer les circonstances. Le père incestueux s'est montré dominant et égocentrique au point d'abuser ses enfants plusieurs fois pendant une longue période, sans tenir compte du mal qu'il faisait. Il ne les a visiblement pas pénétré, c'est sans doute le seul point que peut le rendre pardonnable, mais avec tout le reste, le pardon est très difficile.
Les victimes en souffrent encore beaucoup et sont encore très perturbées. Les conséquences de ces abus sexuels sont donc très importantes et rendent le pardon particulièrement difficile tant elles ont un impact signifiant et fortement influant sur la vie des victimes, qui ne peuvent pas vivre en tournant la page comme si rien ne leur était arrivé et en faisant abstraction de leur souffrance qui ressurgit fréquemment. La souffrance et les impacts des abus sont donc très importants et ont de très grandes chances, d'empêcher ces victimes de pardonner leur abuseur.
Le pardon, pourrait à la rigueur être faisable suivant les raisons de l'abuseur d'avoir fait du mal et donc de l'estime de ses victimes envers lui.
Mais le père incestueux n'a eu de scrupules que vis à vis du fait qu'il n'ait pas violé ses enfants. Mais visiblement il s'est plus contenté d'attouchements parce qu'il ne ressentait pas le besoin d'aller plus loin. Mais il ne s'est pas fait aider pour mieux se retenir (en supposant qu'il ait été compulsif). Il a abusé de ses enfants plusieurs fois pendant plusieurs années, sous-entendant qu'il n'a jamais eu de regrets ou de remords pour le mal qu'il a fait. Il a toujours imposé ses envies sans tenir compte du mal qu'il faisait, ce qui fait de lui une personne dominante. Il nie sa responsabilité en faisant semblant de ne pas se souvenir. Rien ne dit dans les dires de ses victimes qu'il était psychotique. Donc en bref, ses victimes auront de fortes chances d'avoir une très mauvaise estime de leur abuseur qui n'a pas de regret, ni de remord, qui était dominant et égocentrique, qui a abusé de ses enfants à de nombreuses reprises pendant plusieurs années.
On peut dire que la capacité de la victime à pardonner forme une balance avec les conséquences des abus sexuels et l'estime qu'elle aura de son abuseur.
-Plus sa capacité à pardonner sera forte plus celà pèsera lourd d'un côté et plus la victime pardonnera.
-Plus les conséquences du préjudice seront importantes, combinées avec la mauvaise estime que la victime aura de la personne en tord, plus ça pèsera lourd d'un autre côté et moins la victime pardonnera.
Dans le cas évoqué par Sedna. Les conséquences sont très lourdes et la mauvaise estime envers l'abuseur est très forte aussi. Donc à moins que la victime ne soit vraiment d'un genre extrême à pardonner. Il y a de très fortes chances que la capacité à pardon pèse beaucoup moins lourd que les conséquences et la mauvaise estime, rendant le cas très difficile à pardonner.