Première partie du témoignage d'un pédophile passif appelé Samuel. Extrait du livre "pédophilie, prévenir pour protéger", de Latifa Bennari
Samuel recherchait depuis plusieurs mois la possibilité de discuter librement de la pédophilie et d'approfondir le sujet. Il s'était très tôt déjà confié à son frère, puis à des amis. Mais il avait besoin d'une écoute neutre. Il me confia qu'il venait de traverser une période fragile où il avait manqué de peu de passer à l'acte. Il envisageait à l'époque de suivre une thérapie. Du moins avait-il le besoin de se confier, pour ne plus être seul à porter le fardeau de sa relation platonique avec un jeune garçon. Protéger cet enfant des désirs qu'il n'arrivait plus à contrôler aussi bien qu'autrefois était devenu son principal souci.
Samuel :
Cher Latifa, notre rencontre a définitivement changé le cours de mon existence. Quels que soient mes points de désaccord avec toi, je suis admiritif devant les qualités humaines dont tu n'a cessé de témoigner.
Ton passé d'enfant victime d'abus sexuel, en réponse à l'odieuse tendance actuelle à instrumentaliser le ressentiment légitime des êtres abusés ou violés, aurait pu t'amener à rejoindre le camp des associations de "protection" de l'enfance les plus extrémistes. Au lieu de cela, tu as fait le choix d'une démarche courageuse : aller à la rencontre des pédophiles.
J'ai d'abord fait la rencontre de Phillipe Aerts, psycho-thérapeute, mais en tant qu'interlocuteur non en tant que patient. Puis celle de François Lebreton, ouvert au dialogue avec des pédophiles. Et puis Adrien, un ami pédophile, plus courageux sans doute que je ne l'étais, a pris la décision d'aller à ta rencontre.
Je ressentais le besoin d'aller à la rencontre d'interlocuteurs non pédophiles, en dépit des pressions et conseils de la part de quelques pédophiles opposées à cette idée. Mes amis les plus proches déjà étaient au courant de mes attirances, mais cela ne me suffisait plus. J'étais en quête, je crois, de quelque chose comme une réinsertion dans la société. C'était une période difficile de mon existence, où je sentais que ma volonté de ne pas avoir de relations pédosexuelles pouvait chanceler sous les coups d'un désir que j'avais cru jusqu'alors toujours maîtriser.
Je protégeais le fils de mes amis contre moi-même. J'ai rapidement eu le sentiment qu'une page de ma vie avait tournée. Voici le récit de mon parcours :
Enfance
Né vers 1975, un frère un an plus jeune, je vis une enfance sans histoire jusqu'à mes 10ans. Mes parents ne s'aiment plus depuis longtemps, ils ne le montrent pas. Pour moi, le lien conjugal est néanmoins synonyme d'amour : pourquoi continuerait-on à vivre avec quelqu'un qu'on n'aime pas? Mes parents ne se disputent jamais (du moins en notre présence), ils ne divorcent pas, donc ils s'aiment, donc l'amour est quelque chose qu'on ne montre pas en public. L'amour rendu public, c'est uniquement dans la fiction : les livres, les films.
C'est la vision implicite que j'ai de l'amour et que là réside sans doute ma pudeur à dire les sentiments.
Je suis bon élève et j'adore lire, ou plutôt lire est ma drogue. Je n'ai pas le souvenir de jeux sexuels à cette époque. Je me rappelle simplement les érections que provoquait chez moi la lecture des BD de Goldorak.
Je me rappelle aussi, bien avant, une relation privilégiée et tendre avec Bruno, un garçon de ma classe en maternelle.
Quelques années plus tard, je tombe follement amoureux de Henry Thomas, qui incarne le personnage d'Elliott dans E.T.
J'ignorais qu'un garçon pouvait être amoureux d'un autre garçon et je n'ai pas idée alors de nommer ce sentiment.
Eveillé ou endormi, je rêve si souvent de Henry. Lorsque je m'imagine être à ses côtés, son ami, j'éprouve ce doux chavirement intérieur qui part de la poitrine pour gagner la racine de mes cheveux. Je sors rarement sans avoir avec moi une photo de lui.
Dès ma classe de CM1, je prends la défense des plus jeunes quand ceux de ma classe affichent du mépris pour eux.
Un jour en CM2, notre institutrice étant absente les élèves qui ne peuvent repartir chez eux sont répartis dans les autres classes. J'atterris en CP. La maîtresse me confie un groupe dont je m'occupe toute la demie journée. J'adore cela : les aider, leur expliquer, voir leur regard illuminé par la compréhension.
A l'âge de dix ans je fais des choix que désapprouvent mes parents. Pour la première fois, je me sens incompris et trahi par eux. Je me replie sur moi même en imaginant non sans raison que tout le monde réagirait de la même façon dans mon entourage, et que même mes amis ne me comprendraient pas. J'apprends à cette occasion à me défier de mes parents, qui dès lors perdent leur place d'interlocuteurs privilégiés. Le problème sans doute est que personne ne viendra ensuite occuper cette place, et je prends l'habitude de taire tout ce qui a un rapport avec mes centres d'intérêt fondamentaux et ma vie intime.
Il y a mille et une façons de devenir pédophile, comme il y a mille et une façon de connaître une enfance malheureuse. Or, malheureuse, la fin de mon enfance l'a été.
Au collège, j'ai trouvé un dérivatif à ma douleur, solutide, angoisse et ressentiment, à la fois dans la nourriture et dans la réussite scolaire. Je suis devenu un excellent élève mais je grossis à vue d'oeil.
Dans le même temps que je tire fierté de mes capacités intellectuelles, je développe un dégoût croissant pour le corps chaque jour plus disgracieux qui abrite cet esprit sublime.
J'avais eu un premier rêve érotique en CM2. Un rêve agréable mais dont je n'avais pas compris le sens : des femmes nous suçaient moi et deux de mes meilleurs amis.
Mes premiers désirs sexuels apparaissent vers l'âge de onze ans, mais il s'agit de sensations confuses auxquelles je n'attribue pas immédiatement de sens précis. Je ressens comme une sorte de titillement délicieux aussi bien à la vue de femmes en tenue légère qu'à celle des mollets et nuques dégagés de mes petits copains. Ah! et puis il ya Schwarzi le magnifique, dont le corps nu entraperçu dans terminator me fascine.
Cela dit, c'est seulement à l'âge de douze ans et demi, peu après l'apparition de mes premiers poils pubiens, que le déclic s'est fait pour moi et que je commence à me masturber en pensant à des femmes.
Douze ans et demi, donc, paré pour la classe de quatrième. J'ai choisi d'apprendre l'espagnol. C'est alors que je fais la connaissance de Jonas, un petit Allemand âgé d'une dizaine d'années, qui passe ses vacances non loin de chez nous. Mon premier coup de foudre pour un être de cher et de sang!
Il ne parle pas un mot de français et moi pas un mot d'allemand... Mais cela va sans dire, j'ai appris l'allemand. Hélas, je ne l'ai jamais revu. Si je n'ai pas cherché à le revoir, c'est par peur qu'on comprenne que j'étais amoureux de lui. Je me méfiais de mes parents, aussi. J'avais l'impression que si ils le voulaient, ils pourraient lire dans mon esprit comme dans un livre ouvert.
Je me masturbais le soir avant de m'endormir. Les premiers fantasmes sexuels qui me servent de support sont hétérosexuels. Mais la pénétration des femmes ne m'a jamais intéressé. Embrasser, caresser, palper, étreindre, malaxer et l'être moi aussi, étaient les actes que je mettais en scène en imagination.
Quelques mois après avoir fait la connaissance de Jonas, je découvre chez des amis de mes parents, dans la bibliothèque,un album de photos mettant en scène un petit garçon blond sur une plage, en compagnie de son chien. la ressemblance avec Jonas est étonnante. Je n'ose pas demander à emprunter le livre, car je déteste mentir et refuse de dire les raisons de mon intérêt.
Chaque fois que nous nous rendons chez ces gens, je trouve le moyen de m'isoler à la bibliothèque et de feuilleter l'ouvrage magique. Jonas, mon Jonas... C'est peu après que mes premiers fantasmes pédophiliques apparaissent. J'ai treize ans. Et je commence à me masturber en pensant à ce petit garçon blond. Bientôt ce sera en mettant en scène de jeunes acteurs, Antoine Hubert du grand chemin, Sebastien Rice Edward de Hope and glory ou encore Christian Bale de l'empire du soleil. Je n'en oublie pas les femmes pour autant. Je dis bien les femmes, car les filles de mon âge ne m'intéressent pas.
Je me masturbe tour à tour en pensant à de petits garçons ou à de jeunes femmes. Pour moi, peu importe, il s'agit juste de fantasmes.
Je n'envisage pas de concrétiser, ni avec un garçon, ni avec une femme. Pourquoi? Parce que j'ai associé l'acte sexuel à la vie de couple. Je n'ai pas l'âge de vivre en couple, donc je n'ai pas l'âge d'avoir des rapports sexuels. C'est aussi bête que ça.
Durant toute mon adolescence, donc, je mets mes fantasmes sexuels sur le même plan que d'autres fantasmes : Etre un chevalier jedi, me transformer en incroyable Hulk, voyager dans l'espace... Des rêveries agréables et qui font du bien, mais complètement irréalistes et donc ne demandant pas à être réalisées.
Contrairement à certains pédophiles ou homosexuels que j'ai rencontrés, je n'ai aucune honte de mes fantasmes sexuels. Puisque presque personne ne parle de l'attirance pour les enfants, j'ai le sentiment d'être original. J'y vois vraiment là une qualité, le fait d'aimer et de désirer les enfants.
A l'époque, je ne suis pas peu fier de mes capacités intellectuelles - et le fruit de mes neurones est béni. Je suis décrit comme un enfant sage, douc et gentil, appliqué et travailleur. Sincèrement comment quelque chose venant de moi pourrait-il être mauvais?
Autant je jette un regard désapprobateur sur les relations sexuelles sans amour, autant j'estime qu'il n'y a rien de mal à avoir des fantasmes comme les miens.
A 13ans et demi, j'entrevois un être si gracieux et fragile que je m'en éprends presque sur le champ. Je crois d'abord qu'il s'agit d'une fille. Mais non, la semaine suivante, j'apprends qu'elle s'appelle Zacharie. Qu'importe! C'est d'une personne dont je suis amoureux pas d'un sexe.
Zacharie devient bientôt mon meilleur ami. J'entreprends un régime, et la croissance aidant, je perds tous mes kilos superflus. Je commence à faire du sport. Je suis en troisième, mes résultats n'ont jamais été aussi brillants. Vais-je dire à Zacharie que je l'aime? Las! Sa famille déménage pour le Canada. Je ne l'ai plus jamais revu.
Au lycée, c'est la catastrophe. L'acné que j'ai commencé à développer en fin de troisième s'installe pour trois longues années. Je mue. Mes résultats baissent en mathématiques et je découvre pour la première fois ce qu'effot intellectuel veut dire. Ma confiance en moi en prend un coup.
Je tombe amoureux d'une fille de ma classe. Je lui déclare ma flamme, avec l'habileté d'un lycéen boutonneux romantique et coincé. Rateau. Grâce à mon professeur de français, je découvre André Gide et Ionesco : Cela me console un peu.
J'ai pris l'habitude de me vêtir de noir. Je me complais dans la lecture de romans où règnent folie et dépression, dans des univers de mensonges et d'illusions. Je m'éprends bientôt de Malika. Echaudé par mon échec précédent, je réfléchis à une meilleure stratégie d'approche. "Pour la séduire, faites la rire". Je développe donc un sens de l'humour "assez spécial", dont mes amis continuent de faire les frais aujourd'hui. Certes, je les fais rire. J'écris des nouvelles absurdes. Je profère des jurons cocasses de mon cru.
Hélas, la rumeur court qu'elle est amoureuse d'un de mes meilleurs amis.Selon l'habitude qui commence à devenir la mienne, j'aime Malika en silence et sans espoir. Jusqu'au jour... J'apprends l'année suivante que mon ami sort avec Stéphanie! Après deux ou trois mois d'hésitation, je prends ma plume pour déclarer ma flamme à Malika. Elle est aimable et gentille, à l'image de son refus. Elle qui je l'esperais, allait devenir un jour ma compagne! Pauvre imbécile que je suis : deux ans à l'aimer pour des prunes...
Un dernier trimestre placé sous le signe de Henry. Valmont est diffusé à la télévision. Je reconnais Henry Thomas, dans le rôle de Danceny. Comme il a grandi! Mais c'est tout mon passé qui revit. Quelques mois plus tard, E.T est diffusé pour la première fois à la télévision. Mon coeur bat la chamade. J'avais toujours des fantasmes pédophiliques, mais depuis Zacharie, je n'avais plus été amoureux d'un garçon.
J'avais toujours des fantasmes pédophiliques, mais depuis Zacharie, je n'avais plus été amoureux d'un garçon. En outre, je n'avais jamais désiré Zacharie sexuellement. Or là, non seulement le sentiment amoureux pour Henry s'est réactivé, mais je le désirais ardemment. Expérience inédite pour moi.
A la piscine où me traine un ami, je fais la connaissance du petit Frédéric. J'en tombe amoureux fou et le désire. Mais c'est là que je commence à souffrir, car pour moi il n'était pas question de perturber son développement en lui proposant une sexualité dont il n'avait que faire (à l'époque, je pense que les enfants sont aussi asexuels que j'avais pu l'être à leur âge). Mais peu importe. Je pars bientôt en études de lettres à Paris. En lettres, c'est bien le diable si je ne fais pas la rencontre d'une jeune fille belle, douce, intelligente, sensible et cultivée.
Je vais sur mes 18ans et je suis en prépa. Eh bien, le diable existe ! Pendant longtemps, toujours aussi peu pragmatique, je n'imagine pas un instant chercher à rencontrer des filles en dehors du cercle de mes condisciples. Elles sont nombreuses, certes, mais aucune ne me séduit vraiment sinon Béatrice. Un ami sera toutefois plus rapide et entreprenant que moi. L'ouverture d'esprit que m'apportent la prépa et la vie parisienne achève de faire tomber mes conceptions, "le sexe sans amour, c'est dégueu". J'ai envie de faire l'amour. Or j'ai repéré un jeune seconde de 13 ou 14ans, Alexandre. Qu'il est mignon, pas un bouton!
Autant je n'ai jamais imaginé alors avoir des relations sexuelles avec un garçon impubère, autant je ne l'exclus pas du tout avec un jeune adolescent. Cet Alexandre? Les chances sont minces, je le sais. Mais pourquoi pas?
J'ai besoin de confidents. Plus jeune, je n'en ai jamais eu. Pourquoi? J'avais déduit de l'exemple de mes parents que l'amour ne devait pas s'exprimer en dehors de la relation amoureuse elle-même.
Qui plus est, la crise de mes dix ans avait grandement aggravé ma tendance au repli sur moi. Mais j'avais évolué. Pourtant il m'était pas facile de m'exprimer dans mon petit groupe, notamment en raison d'un ami viscéralement homophobe. Un jour j'aperçois une affiche pour une association d'étudiants homosexuels. Dans mon esprit, il n'est alors guerre concevable que la plupart des homosexuels (surtout entre 18 et 25ans), ne soient aussi pédérastes voire pour certains, pédophiles. Gide, ma principale référence, présenté comme homosexuel, était en effet davantage pédéraste qu'homosexuel. J'imaginais naivement qu'il devait en être ainsi de la majorité des gays.
Cruelle déception. Lorsque je parle de mon bel Alexandre, je jette un froid parmi les personnes présentes. On me demande si je suis sérieux. Un de ces étudiants, me parle vaguement de détournements de mineurs et m'invite à lire le code pénal.
Ce que je ne tarde pas à faire. C'est encore à l'époque l'ancien code pénal. J'ai du mal à croire ce que je lis, "attentat à la pudeur sans violence sur mineur de moins de quinze ans". Quoi! A une époque prétendument libérée sexuellement, il n'est pas permis à un jeune homme de dix huit ans et un garçon de treize ou quatorze ans de s'aimer jusqu'à avoir des relations sexuelles, fut-ce sans pénétration! Incompréhensible, aberrant... Ce que je commence à désirer ardemment est-il donc inaccessible, impossible car interdit?
A cette période, j'aurais surtout souhaité pouvoir aimer un garçon de 8 à 10ans, de façon platonique jusqu'à l'éveil de sa sexualité, sans doute entre 12 et 13ans. J'aurais été patient et n'aurait rien entrepris sexuellement si lui n'en avait pas manifesté le désir. Je me masturbais depuis plus de six ans. Il ne m'aurait guère coûté de continuer quelques années encore pour satisfaire à mon besoin d'orgasme. Je ne voyais pas d'incompatibilité avec mes projets matrimoniaux, repoussés de toutes façons à la fin de mes études.
Depuis l'âge de 14ans environ, je connaissais le mot pédophile. Je savais que j'avais des attirances de type pédophile. Je ne m'étais jamais considéré comme un pédophile pour autant. Il fallait désormais que je me renseigne sur la question. Je me mets alors à chercher ces renseignements dans les livres.
C'est pour prendre la claque psychologique la plus sévère de mon existence. Ainsi donc, je suis un pédophile. Et les pédophiles sont perçus comme des malades, des violeurs, souvent des assassins, des monstres! Et encore nous sommes qu'au début des années 90, bien avant l'affaire Dutroux. Moi, le garçon inoffensif, l'élève brillant, capable de réussir honorablement dans une des meilleures prépas en France, j'appartiendrais du seul fait de mes gouts à la lie de l'humanité? Mais je n'ai jamais voulu faire le mal! La violence, je l'ai toujours abhorrée. J'ai longtemps été chrétien fervent. J'ai toujours été doux et patient envers les plus jeunes. Pourquoi donc ce mépris et cette haine?
Je vais très mal mais j'ai le sentiment de ne pouvoir m'en ouvrir à personne. J'ai l'impression qu'on me mépriserait, que je me ferais injurier, voire dénoncer. Je commence à craindre la police.
Pourtant je n'ai rien fait! Suis-je malade vraiment? Un adulte ne peut-il aimer un enfant, un adolescent? C'est alors que je tombe sur un livre au titre intrigant et riche de promesses : L'enfant au masculin de Tony Duvert. Ce livre a changé le cours de mon existence. Je n'ai pas dit nécessairement en bien. Il s'agit d'un ouvrage pro-pédophile, d'un écrivain qui eut son heure de gloire au cours des années 70. Personnellement, je déteste ses romans, hormis les trois derniers.
Je m'accroche à ce livre comme à une bouée de sauvetage. Non seulement je découvre que je ne suis pas le seul de mon espèce mais que les champions de l'antipédophilie sont pour la plupart des idiots, des puritains sexophobes ou des hypocrites.
Après les semaines éprouvantes que je viens de vivre, il n'est que trop rassurant et soulageant pour moi d'adhérer sans réserve au discours de Duvert. En outre contre toute attente, je découvre une autre vision des enfants, des enfants envisagés comme des êtres sexués (et pas à la sauce Freudienne). Certains enfants auraient donc des désirs sexuels et une vie sexuelle? Quelques uns de mes camarades d'école élémentaire, peut-être? Me rappelant certains gestes, certains comportements, certains propos, je me dis que j'étais passé à côté d'au moins deux occasions de découvrir la sexualité avec mes copains, à onze puis à quatorze ans. Un gachis.
Toutefois, si certains enfants sont actifs sexuellement dès avant la puberté, cela veut dire que mes fantasmes pédophiles peuvent trouver à se concrétiser! Incroyable! Et je ne le réalise qu'alors à 18ans, devenu pénalement responsable en cas de relation sexuelle avec un mineur de moins de 15ans. Le nouveau code pénal autorise toutes les relations sexuelles consentantes entre mineurs quels que soient leurs âges respectifs.
Mais ce livre me pousse à croire que les mentalités ont dû évoluer dans le bon sens en dix ans. Les autres bouquins que j'ai lu ne doivent pas être pris au sérieux par les gens intelligents.
En somme, j'en suis revenu plus ou moins à l'idée que la loi ne doit pas être vraiment appliquée. De toute façon, je flotte maintenant sur mon petit nuage bleu.
Par la grâce du discours antipédophile dominant et de l'image inversée qu'en donne Tony Duvert, je suis bel et bien devenu un pédophile, cette fois, je me suis engagé dans une voie que l'on pourrait croire sans issue. Résultat spectaculaire : alors que quelques semaines auparavant je continuais d'avoir des fantasmes hétérosexuels que j'envisageais encore de me marier et de fonder une famille, du jour où je me suis défini comme pédophile, c'en a été bel et bien fini. Il n'est plus question pour moi de fonder une famille.
Fini les fantasmes hétérosexuels pour mes masturbations. Plus étonnant : mes rêves érotiques hétérosexuels se font de plus en plus rares (ils disparaissent totalement après un an environ). Tandis que mes rêves érotiques pédophiles, naguère encore peu présent , se multiplient.
J'ai toutefois encore un peu de mal à croire tout ce que Duvert peut écrire sur la sexualité des enfants, les tous premiers jours. Mais c'est alors que je rencontre le petit Romain. J'en tombe très vite amoureux. Moins d'une heure après que nous nous sommes rencontrés, il monte sur mes genoux, me fait des calins, veut me faire des bisous... me met la main entre les jambes! Sans aucune sollicitation de ma part. Mais sans doute a-t-il perçu le plaisir, le bien-être, le bonheur que ces gestes ont fait naître en moi.
Souvent c'est moi qui retire sa main ou qui me dérobe à ses bisous de peur d'être remarqué par les autres visiteurs du parc. Pourtant je ne fais pas preuve d'une grand prudence. Je ne cherche pas à dissimuler l'affection que j'ai pour lui. Je le laisse monter sur mes genoux, me faire des calins, me caresser les cheveux.
Sa grande sensualité, sa vive curiosité sexuelle me portent à croire qu'il appartient à la catégorie d'enfants décrits par Tony Duvert. Je pense que nous sommes au début d'une merveilleuse histoire d'amour où la sexualité aura naturellement sa place.
Un jour il ne vient plus. Ni le lendemain, ni le surlendemain. Atroce incertitude! Douleur encore jamais ressentie. Et un profond sentiment de culpabilité. Moi seul puis être à l'origine de ce changement brutal de ses habitudes. Son père continue à venir lui, il travaille au parc.
Puis Romain après quelques jours, finit par réapparaître mais accompagné de son père. Qu'il ne lâche plus d'une semelle. Ce qui confirme mes soupçons. Quelques jours plus tard, il a de nouveau le droit de venir seul. Mais la première question qu'il posera longtemps, en arrivant, sera là pour me rappeler que tout est fini : "bonjour Sam. T'as vu mon père?".Oui, tout est fini.
A l'époque je ne suis pas encore opposé au passage à l'acte, mais je refuse d'entrer en rivalité avec le père, d'amener Romain, en quelque sorte, à choisir entre lui et moi. J'apprends que ses parents viennent de divorcer ; c'est le père qui a obtenu la garde. Je n'ai donc jamais déclaré mes sentiments à Romain. Aux yeux des autres, il restera un des enfants avec lesquels j'aime bien jouer, pour lequel, sans doute, j'ai une affection particulière, mon chouchou. Je l'accompagne souvent sur le chemin de l'école, à 13h20. Je joue avec lui au parc, lorsqu'il vient, rien de plus.
Je l'ai aimé pendant deux ans. Deux ans durant lesquels je refuse de renoncer à cet amour déraisonnable auquel je m'agrippe avec la fameuse énergie du désespoir. Ma vie est terminée et je n'ai pas vingt ans. Dieu frappe à ma porte, et j'ai la faiblesse de vouloir croire encore.
Un jour je rencontre Johnathan, onze ans. Et cet adorable petit génie, sans le savoir, me tire du marécage où j'étais embourbé. J'oublie Romain. Depuis longtemps, j'ai quitté la prépa, bien qu'ayant été admis à khagne. J'étudie sans but à la Sorbonne. Mon père vient me rappeler mon statut de parasite social. Alors à 22ans, je rejoins le rang des esclaves que l'on dit actifs.
Je ne peux pas voir Johnathan aussi souvent que je le souhaiterais. Or j'ai trop souffert ces dernières années de ces amours impossibles avec Frédéric, Romain, Johnathan... Je me fais vieux, trop vieux en tous cas pour les amours garçonnières, c'est du moins ce que je me dis à l'approche de mes 22ans.
Etre pédophile, c'est souffrir. A quoi bon donc? Il serait peut-être temps pour moi de sortir des relations platoniques inabouties. Est-il trop tard pour fonder une famille? J'ai eu des désirs hétérosexuels, est-il possible de les réveiller?
Samuel recherchait depuis plusieurs mois la possibilité de discuter librement de la pédophilie et d'approfondir le sujet. Il s'était très tôt déjà confié à son frère, puis à des amis. Mais il avait besoin d'une écoute neutre. Il me confia qu'il venait de traverser une période fragile où il avait manqué de peu de passer à l'acte. Il envisageait à l'époque de suivre une thérapie. Du moins avait-il le besoin de se confier, pour ne plus être seul à porter le fardeau de sa relation platonique avec un jeune garçon. Protéger cet enfant des désirs qu'il n'arrivait plus à contrôler aussi bien qu'autrefois était devenu son principal souci.
Samuel :
Cher Latifa, notre rencontre a définitivement changé le cours de mon existence. Quels que soient mes points de désaccord avec toi, je suis admiritif devant les qualités humaines dont tu n'a cessé de témoigner.
Ton passé d'enfant victime d'abus sexuel, en réponse à l'odieuse tendance actuelle à instrumentaliser le ressentiment légitime des êtres abusés ou violés, aurait pu t'amener à rejoindre le camp des associations de "protection" de l'enfance les plus extrémistes. Au lieu de cela, tu as fait le choix d'une démarche courageuse : aller à la rencontre des pédophiles.
J'ai d'abord fait la rencontre de Phillipe Aerts, psycho-thérapeute, mais en tant qu'interlocuteur non en tant que patient. Puis celle de François Lebreton, ouvert au dialogue avec des pédophiles. Et puis Adrien, un ami pédophile, plus courageux sans doute que je ne l'étais, a pris la décision d'aller à ta rencontre.
Je ressentais le besoin d'aller à la rencontre d'interlocuteurs non pédophiles, en dépit des pressions et conseils de la part de quelques pédophiles opposées à cette idée. Mes amis les plus proches déjà étaient au courant de mes attirances, mais cela ne me suffisait plus. J'étais en quête, je crois, de quelque chose comme une réinsertion dans la société. C'était une période difficile de mon existence, où je sentais que ma volonté de ne pas avoir de relations pédosexuelles pouvait chanceler sous les coups d'un désir que j'avais cru jusqu'alors toujours maîtriser.
Je protégeais le fils de mes amis contre moi-même. J'ai rapidement eu le sentiment qu'une page de ma vie avait tournée. Voici le récit de mon parcours :
Enfance
Né vers 1975, un frère un an plus jeune, je vis une enfance sans histoire jusqu'à mes 10ans. Mes parents ne s'aiment plus depuis longtemps, ils ne le montrent pas. Pour moi, le lien conjugal est néanmoins synonyme d'amour : pourquoi continuerait-on à vivre avec quelqu'un qu'on n'aime pas? Mes parents ne se disputent jamais (du moins en notre présence), ils ne divorcent pas, donc ils s'aiment, donc l'amour est quelque chose qu'on ne montre pas en public. L'amour rendu public, c'est uniquement dans la fiction : les livres, les films.
C'est la vision implicite que j'ai de l'amour et que là réside sans doute ma pudeur à dire les sentiments.
Je suis bon élève et j'adore lire, ou plutôt lire est ma drogue. Je n'ai pas le souvenir de jeux sexuels à cette époque. Je me rappelle simplement les érections que provoquait chez moi la lecture des BD de Goldorak.
Je me rappelle aussi, bien avant, une relation privilégiée et tendre avec Bruno, un garçon de ma classe en maternelle.
Quelques années plus tard, je tombe follement amoureux de Henry Thomas, qui incarne le personnage d'Elliott dans E.T.
J'ignorais qu'un garçon pouvait être amoureux d'un autre garçon et je n'ai pas idée alors de nommer ce sentiment.
Eveillé ou endormi, je rêve si souvent de Henry. Lorsque je m'imagine être à ses côtés, son ami, j'éprouve ce doux chavirement intérieur qui part de la poitrine pour gagner la racine de mes cheveux. Je sors rarement sans avoir avec moi une photo de lui.
Dès ma classe de CM1, je prends la défense des plus jeunes quand ceux de ma classe affichent du mépris pour eux.
Un jour en CM2, notre institutrice étant absente les élèves qui ne peuvent repartir chez eux sont répartis dans les autres classes. J'atterris en CP. La maîtresse me confie un groupe dont je m'occupe toute la demie journée. J'adore cela : les aider, leur expliquer, voir leur regard illuminé par la compréhension.
A l'âge de dix ans je fais des choix que désapprouvent mes parents. Pour la première fois, je me sens incompris et trahi par eux. Je me replie sur moi même en imaginant non sans raison que tout le monde réagirait de la même façon dans mon entourage, et que même mes amis ne me comprendraient pas. J'apprends à cette occasion à me défier de mes parents, qui dès lors perdent leur place d'interlocuteurs privilégiés. Le problème sans doute est que personne ne viendra ensuite occuper cette place, et je prends l'habitude de taire tout ce qui a un rapport avec mes centres d'intérêt fondamentaux et ma vie intime.
Il y a mille et une façons de devenir pédophile, comme il y a mille et une façon de connaître une enfance malheureuse. Or, malheureuse, la fin de mon enfance l'a été.
Au collège, j'ai trouvé un dérivatif à ma douleur, solutide, angoisse et ressentiment, à la fois dans la nourriture et dans la réussite scolaire. Je suis devenu un excellent élève mais je grossis à vue d'oeil.
Dans le même temps que je tire fierté de mes capacités intellectuelles, je développe un dégoût croissant pour le corps chaque jour plus disgracieux qui abrite cet esprit sublime.
J'avais eu un premier rêve érotique en CM2. Un rêve agréable mais dont je n'avais pas compris le sens : des femmes nous suçaient moi et deux de mes meilleurs amis.
Mes premiers désirs sexuels apparaissent vers l'âge de onze ans, mais il s'agit de sensations confuses auxquelles je n'attribue pas immédiatement de sens précis. Je ressens comme une sorte de titillement délicieux aussi bien à la vue de femmes en tenue légère qu'à celle des mollets et nuques dégagés de mes petits copains. Ah! et puis il ya Schwarzi le magnifique, dont le corps nu entraperçu dans terminator me fascine.
Cela dit, c'est seulement à l'âge de douze ans et demi, peu après l'apparition de mes premiers poils pubiens, que le déclic s'est fait pour moi et que je commence à me masturber en pensant à des femmes.
Douze ans et demi, donc, paré pour la classe de quatrième. J'ai choisi d'apprendre l'espagnol. C'est alors que je fais la connaissance de Jonas, un petit Allemand âgé d'une dizaine d'années, qui passe ses vacances non loin de chez nous. Mon premier coup de foudre pour un être de cher et de sang!
Il ne parle pas un mot de français et moi pas un mot d'allemand... Mais cela va sans dire, j'ai appris l'allemand. Hélas, je ne l'ai jamais revu. Si je n'ai pas cherché à le revoir, c'est par peur qu'on comprenne que j'étais amoureux de lui. Je me méfiais de mes parents, aussi. J'avais l'impression que si ils le voulaient, ils pourraient lire dans mon esprit comme dans un livre ouvert.
Je me masturbais le soir avant de m'endormir. Les premiers fantasmes sexuels qui me servent de support sont hétérosexuels. Mais la pénétration des femmes ne m'a jamais intéressé. Embrasser, caresser, palper, étreindre, malaxer et l'être moi aussi, étaient les actes que je mettais en scène en imagination.
Quelques mois après avoir fait la connaissance de Jonas, je découvre chez des amis de mes parents, dans la bibliothèque,un album de photos mettant en scène un petit garçon blond sur une plage, en compagnie de son chien. la ressemblance avec Jonas est étonnante. Je n'ose pas demander à emprunter le livre, car je déteste mentir et refuse de dire les raisons de mon intérêt.
Chaque fois que nous nous rendons chez ces gens, je trouve le moyen de m'isoler à la bibliothèque et de feuilleter l'ouvrage magique. Jonas, mon Jonas... C'est peu après que mes premiers fantasmes pédophiliques apparaissent. J'ai treize ans. Et je commence à me masturber en pensant à ce petit garçon blond. Bientôt ce sera en mettant en scène de jeunes acteurs, Antoine Hubert du grand chemin, Sebastien Rice Edward de Hope and glory ou encore Christian Bale de l'empire du soleil. Je n'en oublie pas les femmes pour autant. Je dis bien les femmes, car les filles de mon âge ne m'intéressent pas.
Je me masturbe tour à tour en pensant à de petits garçons ou à de jeunes femmes. Pour moi, peu importe, il s'agit juste de fantasmes.
Je n'envisage pas de concrétiser, ni avec un garçon, ni avec une femme. Pourquoi? Parce que j'ai associé l'acte sexuel à la vie de couple. Je n'ai pas l'âge de vivre en couple, donc je n'ai pas l'âge d'avoir des rapports sexuels. C'est aussi bête que ça.
Durant toute mon adolescence, donc, je mets mes fantasmes sexuels sur le même plan que d'autres fantasmes : Etre un chevalier jedi, me transformer en incroyable Hulk, voyager dans l'espace... Des rêveries agréables et qui font du bien, mais complètement irréalistes et donc ne demandant pas à être réalisées.
Contrairement à certains pédophiles ou homosexuels que j'ai rencontrés, je n'ai aucune honte de mes fantasmes sexuels. Puisque presque personne ne parle de l'attirance pour les enfants, j'ai le sentiment d'être original. J'y vois vraiment là une qualité, le fait d'aimer et de désirer les enfants.
A l'époque, je ne suis pas peu fier de mes capacités intellectuelles - et le fruit de mes neurones est béni. Je suis décrit comme un enfant sage, douc et gentil, appliqué et travailleur. Sincèrement comment quelque chose venant de moi pourrait-il être mauvais?
Autant je jette un regard désapprobateur sur les relations sexuelles sans amour, autant j'estime qu'il n'y a rien de mal à avoir des fantasmes comme les miens.
A 13ans et demi, j'entrevois un être si gracieux et fragile que je m'en éprends presque sur le champ. Je crois d'abord qu'il s'agit d'une fille. Mais non, la semaine suivante, j'apprends qu'elle s'appelle Zacharie. Qu'importe! C'est d'une personne dont je suis amoureux pas d'un sexe.
Zacharie devient bientôt mon meilleur ami. J'entreprends un régime, et la croissance aidant, je perds tous mes kilos superflus. Je commence à faire du sport. Je suis en troisième, mes résultats n'ont jamais été aussi brillants. Vais-je dire à Zacharie que je l'aime? Las! Sa famille déménage pour le Canada. Je ne l'ai plus jamais revu.
Au lycée, c'est la catastrophe. L'acné que j'ai commencé à développer en fin de troisième s'installe pour trois longues années. Je mue. Mes résultats baissent en mathématiques et je découvre pour la première fois ce qu'effot intellectuel veut dire. Ma confiance en moi en prend un coup.
Je tombe amoureux d'une fille de ma classe. Je lui déclare ma flamme, avec l'habileté d'un lycéen boutonneux romantique et coincé. Rateau. Grâce à mon professeur de français, je découvre André Gide et Ionesco : Cela me console un peu.
J'ai pris l'habitude de me vêtir de noir. Je me complais dans la lecture de romans où règnent folie et dépression, dans des univers de mensonges et d'illusions. Je m'éprends bientôt de Malika. Echaudé par mon échec précédent, je réfléchis à une meilleure stratégie d'approche. "Pour la séduire, faites la rire". Je développe donc un sens de l'humour "assez spécial", dont mes amis continuent de faire les frais aujourd'hui. Certes, je les fais rire. J'écris des nouvelles absurdes. Je profère des jurons cocasses de mon cru.
Hélas, la rumeur court qu'elle est amoureuse d'un de mes meilleurs amis.Selon l'habitude qui commence à devenir la mienne, j'aime Malika en silence et sans espoir. Jusqu'au jour... J'apprends l'année suivante que mon ami sort avec Stéphanie! Après deux ou trois mois d'hésitation, je prends ma plume pour déclarer ma flamme à Malika. Elle est aimable et gentille, à l'image de son refus. Elle qui je l'esperais, allait devenir un jour ma compagne! Pauvre imbécile que je suis : deux ans à l'aimer pour des prunes...
Un dernier trimestre placé sous le signe de Henry. Valmont est diffusé à la télévision. Je reconnais Henry Thomas, dans le rôle de Danceny. Comme il a grandi! Mais c'est tout mon passé qui revit. Quelques mois plus tard, E.T est diffusé pour la première fois à la télévision. Mon coeur bat la chamade. J'avais toujours des fantasmes pédophiliques, mais depuis Zacharie, je n'avais plus été amoureux d'un garçon.
J'avais toujours des fantasmes pédophiliques, mais depuis Zacharie, je n'avais plus été amoureux d'un garçon. En outre, je n'avais jamais désiré Zacharie sexuellement. Or là, non seulement le sentiment amoureux pour Henry s'est réactivé, mais je le désirais ardemment. Expérience inédite pour moi.
A la piscine où me traine un ami, je fais la connaissance du petit Frédéric. J'en tombe amoureux fou et le désire. Mais c'est là que je commence à souffrir, car pour moi il n'était pas question de perturber son développement en lui proposant une sexualité dont il n'avait que faire (à l'époque, je pense que les enfants sont aussi asexuels que j'avais pu l'être à leur âge). Mais peu importe. Je pars bientôt en études de lettres à Paris. En lettres, c'est bien le diable si je ne fais pas la rencontre d'une jeune fille belle, douce, intelligente, sensible et cultivée.
Je vais sur mes 18ans et je suis en prépa. Eh bien, le diable existe ! Pendant longtemps, toujours aussi peu pragmatique, je n'imagine pas un instant chercher à rencontrer des filles en dehors du cercle de mes condisciples. Elles sont nombreuses, certes, mais aucune ne me séduit vraiment sinon Béatrice. Un ami sera toutefois plus rapide et entreprenant que moi. L'ouverture d'esprit que m'apportent la prépa et la vie parisienne achève de faire tomber mes conceptions, "le sexe sans amour, c'est dégueu". J'ai envie de faire l'amour. Or j'ai repéré un jeune seconde de 13 ou 14ans, Alexandre. Qu'il est mignon, pas un bouton!
Autant je n'ai jamais imaginé alors avoir des relations sexuelles avec un garçon impubère, autant je ne l'exclus pas du tout avec un jeune adolescent. Cet Alexandre? Les chances sont minces, je le sais. Mais pourquoi pas?
J'ai besoin de confidents. Plus jeune, je n'en ai jamais eu. Pourquoi? J'avais déduit de l'exemple de mes parents que l'amour ne devait pas s'exprimer en dehors de la relation amoureuse elle-même.
Qui plus est, la crise de mes dix ans avait grandement aggravé ma tendance au repli sur moi. Mais j'avais évolué. Pourtant il m'était pas facile de m'exprimer dans mon petit groupe, notamment en raison d'un ami viscéralement homophobe. Un jour j'aperçois une affiche pour une association d'étudiants homosexuels. Dans mon esprit, il n'est alors guerre concevable que la plupart des homosexuels (surtout entre 18 et 25ans), ne soient aussi pédérastes voire pour certains, pédophiles. Gide, ma principale référence, présenté comme homosexuel, était en effet davantage pédéraste qu'homosexuel. J'imaginais naivement qu'il devait en être ainsi de la majorité des gays.
Cruelle déception. Lorsque je parle de mon bel Alexandre, je jette un froid parmi les personnes présentes. On me demande si je suis sérieux. Un de ces étudiants, me parle vaguement de détournements de mineurs et m'invite à lire le code pénal.
Ce que je ne tarde pas à faire. C'est encore à l'époque l'ancien code pénal. J'ai du mal à croire ce que je lis, "attentat à la pudeur sans violence sur mineur de moins de quinze ans". Quoi! A une époque prétendument libérée sexuellement, il n'est pas permis à un jeune homme de dix huit ans et un garçon de treize ou quatorze ans de s'aimer jusqu'à avoir des relations sexuelles, fut-ce sans pénétration! Incompréhensible, aberrant... Ce que je commence à désirer ardemment est-il donc inaccessible, impossible car interdit?
A cette période, j'aurais surtout souhaité pouvoir aimer un garçon de 8 à 10ans, de façon platonique jusqu'à l'éveil de sa sexualité, sans doute entre 12 et 13ans. J'aurais été patient et n'aurait rien entrepris sexuellement si lui n'en avait pas manifesté le désir. Je me masturbais depuis plus de six ans. Il ne m'aurait guère coûté de continuer quelques années encore pour satisfaire à mon besoin d'orgasme. Je ne voyais pas d'incompatibilité avec mes projets matrimoniaux, repoussés de toutes façons à la fin de mes études.
Depuis l'âge de 14ans environ, je connaissais le mot pédophile. Je savais que j'avais des attirances de type pédophile. Je ne m'étais jamais considéré comme un pédophile pour autant. Il fallait désormais que je me renseigne sur la question. Je me mets alors à chercher ces renseignements dans les livres.
C'est pour prendre la claque psychologique la plus sévère de mon existence. Ainsi donc, je suis un pédophile. Et les pédophiles sont perçus comme des malades, des violeurs, souvent des assassins, des monstres! Et encore nous sommes qu'au début des années 90, bien avant l'affaire Dutroux. Moi, le garçon inoffensif, l'élève brillant, capable de réussir honorablement dans une des meilleures prépas en France, j'appartiendrais du seul fait de mes gouts à la lie de l'humanité? Mais je n'ai jamais voulu faire le mal! La violence, je l'ai toujours abhorrée. J'ai longtemps été chrétien fervent. J'ai toujours été doux et patient envers les plus jeunes. Pourquoi donc ce mépris et cette haine?
Je vais très mal mais j'ai le sentiment de ne pouvoir m'en ouvrir à personne. J'ai l'impression qu'on me mépriserait, que je me ferais injurier, voire dénoncer. Je commence à craindre la police.
Pourtant je n'ai rien fait! Suis-je malade vraiment? Un adulte ne peut-il aimer un enfant, un adolescent? C'est alors que je tombe sur un livre au titre intrigant et riche de promesses : L'enfant au masculin de Tony Duvert. Ce livre a changé le cours de mon existence. Je n'ai pas dit nécessairement en bien. Il s'agit d'un ouvrage pro-pédophile, d'un écrivain qui eut son heure de gloire au cours des années 70. Personnellement, je déteste ses romans, hormis les trois derniers.
Je m'accroche à ce livre comme à une bouée de sauvetage. Non seulement je découvre que je ne suis pas le seul de mon espèce mais que les champions de l'antipédophilie sont pour la plupart des idiots, des puritains sexophobes ou des hypocrites.
Après les semaines éprouvantes que je viens de vivre, il n'est que trop rassurant et soulageant pour moi d'adhérer sans réserve au discours de Duvert. En outre contre toute attente, je découvre une autre vision des enfants, des enfants envisagés comme des êtres sexués (et pas à la sauce Freudienne). Certains enfants auraient donc des désirs sexuels et une vie sexuelle? Quelques uns de mes camarades d'école élémentaire, peut-être? Me rappelant certains gestes, certains comportements, certains propos, je me dis que j'étais passé à côté d'au moins deux occasions de découvrir la sexualité avec mes copains, à onze puis à quatorze ans. Un gachis.
Toutefois, si certains enfants sont actifs sexuellement dès avant la puberté, cela veut dire que mes fantasmes pédophiles peuvent trouver à se concrétiser! Incroyable! Et je ne le réalise qu'alors à 18ans, devenu pénalement responsable en cas de relation sexuelle avec un mineur de moins de 15ans. Le nouveau code pénal autorise toutes les relations sexuelles consentantes entre mineurs quels que soient leurs âges respectifs.
Mais ce livre me pousse à croire que les mentalités ont dû évoluer dans le bon sens en dix ans. Les autres bouquins que j'ai lu ne doivent pas être pris au sérieux par les gens intelligents.
En somme, j'en suis revenu plus ou moins à l'idée que la loi ne doit pas être vraiment appliquée. De toute façon, je flotte maintenant sur mon petit nuage bleu.
Par la grâce du discours antipédophile dominant et de l'image inversée qu'en donne Tony Duvert, je suis bel et bien devenu un pédophile, cette fois, je me suis engagé dans une voie que l'on pourrait croire sans issue. Résultat spectaculaire : alors que quelques semaines auparavant je continuais d'avoir des fantasmes hétérosexuels que j'envisageais encore de me marier et de fonder une famille, du jour où je me suis défini comme pédophile, c'en a été bel et bien fini. Il n'est plus question pour moi de fonder une famille.
Fini les fantasmes hétérosexuels pour mes masturbations. Plus étonnant : mes rêves érotiques hétérosexuels se font de plus en plus rares (ils disparaissent totalement après un an environ). Tandis que mes rêves érotiques pédophiles, naguère encore peu présent , se multiplient.
J'ai toutefois encore un peu de mal à croire tout ce que Duvert peut écrire sur la sexualité des enfants, les tous premiers jours. Mais c'est alors que je rencontre le petit Romain. J'en tombe très vite amoureux. Moins d'une heure après que nous nous sommes rencontrés, il monte sur mes genoux, me fait des calins, veut me faire des bisous... me met la main entre les jambes! Sans aucune sollicitation de ma part. Mais sans doute a-t-il perçu le plaisir, le bien-être, le bonheur que ces gestes ont fait naître en moi.
Souvent c'est moi qui retire sa main ou qui me dérobe à ses bisous de peur d'être remarqué par les autres visiteurs du parc. Pourtant je ne fais pas preuve d'une grand prudence. Je ne cherche pas à dissimuler l'affection que j'ai pour lui. Je le laisse monter sur mes genoux, me faire des calins, me caresser les cheveux.
Sa grande sensualité, sa vive curiosité sexuelle me portent à croire qu'il appartient à la catégorie d'enfants décrits par Tony Duvert. Je pense que nous sommes au début d'une merveilleuse histoire d'amour où la sexualité aura naturellement sa place.
Un jour il ne vient plus. Ni le lendemain, ni le surlendemain. Atroce incertitude! Douleur encore jamais ressentie. Et un profond sentiment de culpabilité. Moi seul puis être à l'origine de ce changement brutal de ses habitudes. Son père continue à venir lui, il travaille au parc.
Puis Romain après quelques jours, finit par réapparaître mais accompagné de son père. Qu'il ne lâche plus d'une semelle. Ce qui confirme mes soupçons. Quelques jours plus tard, il a de nouveau le droit de venir seul. Mais la première question qu'il posera longtemps, en arrivant, sera là pour me rappeler que tout est fini : "bonjour Sam. T'as vu mon père?".Oui, tout est fini.
A l'époque je ne suis pas encore opposé au passage à l'acte, mais je refuse d'entrer en rivalité avec le père, d'amener Romain, en quelque sorte, à choisir entre lui et moi. J'apprends que ses parents viennent de divorcer ; c'est le père qui a obtenu la garde. Je n'ai donc jamais déclaré mes sentiments à Romain. Aux yeux des autres, il restera un des enfants avec lesquels j'aime bien jouer, pour lequel, sans doute, j'ai une affection particulière, mon chouchou. Je l'accompagne souvent sur le chemin de l'école, à 13h20. Je joue avec lui au parc, lorsqu'il vient, rien de plus.
Je l'ai aimé pendant deux ans. Deux ans durant lesquels je refuse de renoncer à cet amour déraisonnable auquel je m'agrippe avec la fameuse énergie du désespoir. Ma vie est terminée et je n'ai pas vingt ans. Dieu frappe à ma porte, et j'ai la faiblesse de vouloir croire encore.
Un jour je rencontre Johnathan, onze ans. Et cet adorable petit génie, sans le savoir, me tire du marécage où j'étais embourbé. J'oublie Romain. Depuis longtemps, j'ai quitté la prépa, bien qu'ayant été admis à khagne. J'étudie sans but à la Sorbonne. Mon père vient me rappeler mon statut de parasite social. Alors à 22ans, je rejoins le rang des esclaves que l'on dit actifs.
Je ne peux pas voir Johnathan aussi souvent que je le souhaiterais. Or j'ai trop souffert ces dernières années de ces amours impossibles avec Frédéric, Romain, Johnathan... Je me fais vieux, trop vieux en tous cas pour les amours garçonnières, c'est du moins ce que je me dis à l'approche de mes 22ans.
Etre pédophile, c'est souffrir. A quoi bon donc? Il serait peut-être temps pour moi de sortir des relations platoniques inabouties. Est-il trop tard pour fonder une famille? J'ai eu des désirs hétérosexuels, est-il possible de les réveiller?